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Spécialiser un élevage bovin mixte en production laitière

Fabien et Caroline Meyniel adaptent leurs pratiques pour faire face à un changement climatique prononcé et adopter une nouvelle organisation du travail.

Confronté au changement climatique, Fabien Meyniel a vendu ses vaches allaitantes pour se concentrer sur le troupeau laitier et son autonomie alimentaire.

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« En 2008, l’évolution du cahier des charges de l’AOP Cantal imposant moins de 1 800 kg de concentrés par vache et par an m’a fait réfléchir sur mon système, explique Fabien Meyniel, alors associé avec sa mère Geneviève, à Talizat (Cantal). Notre conduite était alors intensive sur l’animal et extensive sur les surfaces avec 40 prim'holsteins à 8 700 litres de lait par an. Nous consommions 335 g de concentrés par litre de lait produit. » L’exploitation abritait aussi un troupeau de 35 blondes d’Aquitaine.

« La rencontre avec Yannick Péchuzal, à l’époque ingénieur référence à la chambre d’agriculture du Cantal, et notre intégration au réseau des fermes de référence m’a conduit à un raisonnement économique : produire moins de lait par vache, diminuer les concentrés et cesser l’achat de maïs épi », poursuit l’éleveur. Il s’est orienté vers le pâturage tournant et réserve désormais 10 ha de céréales à l’autoconsommation.

Nouvelles espèces fourragères

En 2015, la sécheresse et l’approche du départ en retraite de sa mère conduisent Fabien à vendre progressivement les vaches allaitantes. « Cette décision a été difficile car nous étions attachés à ce troupeau. Il valorisait aussi les parcelles plus éloignées. » Ce choix se révèle judicieux avec des années 2017, 2018 et 2019 difficiles sur le plan climatique. Des essais de sorgho fourrager et de maïs s’avèrent peu concluants en 2019. Fabien fait alors évoluer ses prairies temporaires en associant du lotier et de la fétuque résistants à la sécheresse, à son mélange de ray-grass et de trèfle.

Le trèfle blanc, plus adapté à la pâture, remplace le trèfle violet. Le dactyle peut être associé dans les parcelles les plus séchantes. Les céréales pures diminuent au profit de méteils composés de deux variétés de blé, une de triticale, d’épeautre, de pois et de vesce, dont une partie peut être ensilée. 3,4 ha ont permis de récolter 19 t de matière sèche en 2019. Un effectif augmenté à 62 laitières produit cette année-là 372 000 litres de lait livrés en AOP et en filière du lait cru à LFO, filiale de Sodiaal à Talizat. Avec un prix de 427 €/1 000 l, la marge brute atteint 1 570 €/UGB lait, soit 1,6 fois la marge moyenne du troupeau allaitant.

« L’autonomie fourragère est un objectif mis à mal les mauvaises années »

L’éleveur poursuit ses adaptations pour faire face aux étés de plus en plus secs, à une pousse de l’herbe plus précoce au printemps et plus tardive à l’automne. Toutes les parcelles (hors ensilage) sont déprimées. Les bovins rentrent au début de décembre, et les tarissements sont réalisés à la mi-novembre. La réduction du chargement (0,6 UGB/ha en 2022 contre 0,89 UGB/ha en 2016) diminue les besoins en fourrages. « En 2022, année catastrophique, notre autonomie en herbe n’a permis de nourrir que 0,45 UGB/ha. Heureusement, 2023 a permis de faire des stocks », précise Fabien.

Vêlages groupés et monotraite

Des vêlages précoces à 24 mois permettent aussi d’économiser du fourrage. Pour améliorer l'organisation du travail et la valorisation des pâtures, l’éleveur a choisi de grouper les mises bas en janvier, février et mars. Il insémine lui-même les vaches. Le retour des chaleurs est assuré par un taureau hereford. Fabien pratique la monotraite du début de mai — au moment des premières fauches — jusqu’en novembre. « Les vaches n’ont plus qu’un seul aller-retour à réaliser sur des parcelles parfois éloignées. Nous ne trayons plus le soir et fermons la salle de traite en décembre depuis 2022. » La diminution de 25 % du lait produit durant cette période est en partie compensée par des taux plus élevés (35 g/kg de TP et 45 g/kg de TB en moyenne en 2022).

Des essais portent aussi sur une production de bœufs croisés de 28 à 30 mois nourris à l’herbe pour la filière Herbopack de Charal. Un réseau de conduite a été constitué pour l’abreuvement. En deux ans, plus de 600 m de haies et une quarantaine d’arbres isolés ont été plantés en bordure de parcelles : du côté sud pour faire de l’ombre, à l’ouest pour jouer le rôle de brise-vent et limiter le ruissellement de l’eau. Les nombreux frênes déjà présents sur les parcelles sont utilisés en affouragement lorsque nécessaire.

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